Fuji-san
L’été est passé à toute vitesse et j’ai déjà passé la moitié de mon séjour… Sans rédiger d’article en plus ! Pour cette occasion spéciale de demi-voyage, un article un peu spécial (et un peu en retard aussi).
Je vais vous raconter ce jour, ou plutôt cette nuit, où nous avons décidé d’affronter le plus haut sommet du Japon et sans doute l’un des plus célèbres volcans du monde : Fuji-San.
J’avais quand même un peu d’appréhension, d’après une expression japonaise : Celui qui gravit le Mont Fuji une fois est un sage, celui qui le fait deux fois est un fou ! Ce qui laisse présager de la difficulté. J’ai aussi demandé un peu autour de moi avant de me lancer, la majorité de mes collègues n’ont jamais tenté l’ascension, certains ont abandonné avant le sommet… Mon chef qui l’a fait m’a dit qu’il l’avait gravit sur deux jours avec une nuit dans un des refuges sur le chemin et que faire le chemin d’une traite, qui plus est, en une nuit n’était pas conseillé, car vraiment difficile. J’ai aussi eu le témoignage d’Héloïse, mon amie également en VIE qui a réalisé l’ascension en une nuit il y a quelques temps déjà, elle en garde le souvenir d’une expérience magnifique, pour autant elle ne le referait pas car vraiment difficile. Malgré tout elle me conseille d’y aller, visiblement c’est une chose à faire au moins une fois… Et si des grands-mères japonaises y parviennent je devrais pouvoir le faire moi aussi !
Heureusement je n’ai pas fait le voyage seule, Rémi, Audrey et Quentin (mon frère, sa chérie et mon chéri à moi) sont avec moi. Nous avons quitté Tokyo en bus, pas forcément hyper entrainés mais plutôt bien équipés avec nos gros sacs à dos remplis de vêtements chaud, d’eau, de barres de céréales et de Snikers ! Et surtout nous avions un moral d’acier et la volonté de surpasser ce défi tous les quatre !
A notre arrivée à Kawaguchi-ko, un des lacs au pied de Fuji, la montagne sacrée est cachée dans les nuages et les photos ne sont pas très belles…
Le temps d’arriver à la 5eme station, le point de départ de l’ascension a 2305m d’altitude, il faisait nuit et déjà froid, surtout comparé à Tokyo où la chaleur était caniculaire. On prend un bon repas chaud et c’est parti pour l’ascension !
Le début est plus que facile, une pente douce, vers le bas… peu après notre départ on a même fait demi-tour pour vérifier notre chemin, pas d’erreur on reprend la descente. A ce moment-là on est enjoués, on se trouve un nom d’équipe et même un cri de guerre, et on a pas encore en tête que chaque pas qui nous fait descendre sera à remonter ensuite et sera plus dur ! On le comprend quand même assez vite, l’ascension se corse et le temps d’échauffer les muscles est difficile. Mais ça passe et on arrive très vite à la 6eme station, plus que 4 à faire !
Le chemin continue, les cris de guerre se font plus rares et moins enjoués au fur et à mesure qu’on monte. On se regarde avec Rémi après chaque passage difficile en se disant de plus en plus convaincus : « il faut dire à papa et maman de ne pas le faire quand ils viendront, c’est trop dur…». Mais on continue, faire demi-tour maintenant serait trop dur. On se couvre peu à peu, pull, écharpe, gants, puis doudoune et bonnet et on réduit les pauses à cause du froid quand on ne bouge pas. On en a quand même vu certains bien moins équipés, sans vêtements chauds, sans chaussures de marche, voire un sans chaussures du tout (et en plus il nous a dépassé 2 fois !)… Comme quoi au Japon tout est possible.
Pour la dernière partie c’est le mental qui prend le dessus, on est pris dans les embouteillages, impossible d’aller plus vite que le groupe et difficile de s’arrêter se reposer. Le rythme est lent, le chemin abrupt et rocheux et dans notre dos l’aube pointe déjà le bout de son nez… On voit le torii au sommet, ce portail en bois qui marque l’entrée des lieux sacrés, il est tout proche, on a grimpé toute la nuit pour voir le Soleil se lever depuis le Toit du Japon et on craint de ne pas être arrivés pour ce moment. Je dois bien avouer qu’à cet instant, la patience n’existe plus et les insultes pleuvent contre ces groupes d’une trentaine de personnes et leur guide qui s’arrêtent au bord du chemin pour s’attendre (franchement, qui a besoin d’un guide de montagne pour suivre un chemin balisé du début à la fin ?) et contre ces Japonaises qui crient dans leur mégaphone on ne sait trop quoi en japonais (encouragements ? consignes pour fluidifier la montée ? ou insultes pour nous dire d’aller plus vite ?) quoi qu’il en soit, on voulait juste qu’elles se taisent pour finir notre ascension en paix.
La colonne des marcheurs dans l'embouteillage de la fin du parcours (mais ceux-là sont cool, ils sont derrière nous)
Nous y voilà, le point le plus haut et le plus célèbre du pays. On partage le dernier Squalala de l’ascension et on prend un peu de repos lors des dernières minutes de la nuit des étoiles filantes de cet été. La fatigue est grande mais elle n’est plus rien face au spectacle qui s’offre à nous, rien à côté de notre fierté d’avoir réussi et rien comparé à l’émotion de l’avoir fait ensemble. Un moment de bonheur que rien ne peut gâcher… Et comme un bonheur n’arrive jamais seul (dicton personnel que je préfère à l’original) une autre bonne nouvelle est venue combler ce moment (en m’arrachant au passage des larmes de joie que je retenais déjà péniblement) : Audrey est devenue officiellement ma future belle-sœur !
Et la magie opère...
Après un repos bien mérité est venu le temps de la descente. Elle se fait par un autre chemin jusqu’à la 6eme station pour ne pas gêner ceux qui montent et surtout parce que descendre par cette voie semble particulièrement périlleux. Il fait jour maintenant, on peut voir la descente par ce chemin et elle est raide ! Donc nouvelle route pour redescendre, le chemin est facile et agréable pendant environ 30 minutes puis le sable, la poussière et les cailloux nous ralentissent et nous épuisent.
Au final, le sentier est vraiment monotone et fatiguant, presque plus que la montée. J’ai vraiment eu du mal et mes pieds s’en souviennent encore, mais il faut bien redescendre et rentrer…
En bonus, la photo de Fuji qui m'a donné envie d'écrire cet article. Il n'y avait pas de quoi faire tout ce chemin sachant que je l'ai prise depuis la fenêtre de mon palier à Kawasaki hier matin.