Virée au Mont Nokogiri
Début Mai au Japon c’était la Golden Week, une semaine de jours fériés pour profiter du printemps. Je n’étais pas arrivée depuis longtemps et c’était un peu difficile d’organiser un voyage lointain pour visiter le Japon mais ce n’est pas pour autant que je n’ai rien fait.
A la base avec Héloïse, nous avions prévu de visiter la région d’Hakone, un endroit très réputé pour ses sources chaudes naturelles en provenance direct du volcan, ses Onsen (bain traditionnel japonais) et les magnifiques floraisons en tout genre au printemps. Un des endroits préféré des Tokyoïtes lorsqu’ils veulent un peu s’éloigner de la ville. On s’est dit qu’on ne pouvait pas manquer ça et nous avions décidé d’y passer 2 jours (parce que c’est un peu loin quand même). Malheureusement tous les hôtels étant complets on a dû renoncer à notre voyage… Sans aucun regret au final, le volcan de Hakone est entré en éruption pile le jour où nous voulions y aller… Qui plus est à la place nous avons passé une journée à Nokogiri et ça valait vraiment le détour.
Bon on ne peut pas dire que ce soit hyper facile d’accès, nous avons dû contourner la baie de Tokyo pour aller en face au Sud de Chiba, soit environ 2h de train depuis Tokyo donc 2h30 depuis Kawasaki.
Ma maison est à Kawasaki, Nokogiri c'est le point rouge tout en bas...
Mais rien qu’en arrivant on ne regrette pas le voyage, de la nature tout autour de nous, la forêt, la mer et la montagne.
Ça change de Tokyo!
Mais si on a décidé d’aller jusqu’ici ce n’était pas seulement pour le paysage mais parce qu’en haut de cette montagne, il y a un magnifique temple bouddhiste encore peu connu des touristes étrangers et même des Japonais (enfin mes collègues connaissent, mais aucun n'y est jamais allé). En somme, une visite pleine de surprises.
Nous arrivons donc au pied du téléphérique qui nous portera directement au sommet. A un détail près, pour monter dans le dit téléphérique on nous annonce 1h15 d’attente… Sachant que la montée à pied est sensée se faire en 1h30 le choix est rapidement fait et on attaque l’ascension.
Le début est facile, à part quelques passages un peu boueux et un tunnel un peu effrayant sans lampe torche. On profite de la forêt, on prend des photos, on a même trouvé un vélo tout neuf.
La fin c’était l’enfer, la fatigue s’accumule parce que même si le début n’est pas difficile, ça grimpe quand même… mais la fin, c’est vraiment raide, on s’aide de cordes placées le long du sentier pour l’escalader. Il fait plus chaud et plus humide que par chez nous et c’est épuisant. Enfin en haut, on profite d’une vue splendide (et bien méritée) sur la baie de Tokyo et Chiba et ses petites montagnes. On dirait que le sol a été plissé à la main, c’est très impressionnant de se dire que ce sont les tremblements de terre et les mouvements des plaques terrestres qui ont façonné ça.
Là c'est un peu brumeux mais par delà la baie on peut voir le Mont Fuji quand il fait beau (il parrait)
Nous sommes sur le point le plus haut de Nokogori a 329m d’altitude, pas foufou vous me direz, mais il faut garder en tête qu’on est parties du bord de mer et que finalement 329m c’est pas si mal.
On est parties de la gare, là, tout en bas...
Donc nous voici en haut, mais pas encore au temple. Pour l’atteindre il nous faudra descendre, remonter, redescendre et remonter… par des escaliers en bois ou en pierre qui ont déjà plusieurs siècles et qui sont un peu défoncés et usés par le temps. La fatigue est vraiment là et je commence à me décourager et à me dire que je n’aurai jamais la force d’atteindre le temple, surtout que c’est démotivant de devoir redescendre sans cesse pour suivre le chemin, sachant qu’il faudra remonter ensuite. Mais sur notre route on croise quand même de jolies choses, comme ces carrières de pierre très impressionnantes.
J'imagine à peine la difficulté que c'était pour redescendre les pierres de la montagne, vu comme j'ai galéré à y monter...
Bon ce n’est pas tout ça mais il est 17h à ce stade de la promenade et le téléphérique est fermé, quoi qu’il arrive il faudra redescendre à pied. Ce qui commence à nous inquiéter d’ailleurs parce qu’on a ni lampe de poche ni sifflet, qu’on est seules dans la forêt, qu’à 18h il fait nuit et sous les arbres ça commence à s’assombrir. Donc malgré la fatigue on presse le pas pour arriver au temple.
Et enfin le voilà ! On se présente au guichet pour entrer… les lieux ferment à 17h, il est 17h20… Mais un miracle se produisit, l’homme qui surveille l’entrée décide de nous laisser passer (je ne sais pas si c'etait par pure bonté ou par pitié en me voyant totalement épuisée), en bonus on ne paye même pas l’entrée (parce que l’heure est passée). Et on a enfin notre récompense !
Le meilleur de notre visite : le plus grand Bouddha assis du Japon.
De quoi être Zen!
Nous sommes redescendues par l’autre versant de la montagne, du côté du temple où l’accès est facile avec des escaliers en béton. Et heureusement parce qu’il commençait vraiment à faire sombre. Si on avait du redescendre par la forêt d’où on est venues on aurait mis beaucoup plus de temps et on se serait très vite retrouvées dans le noir au milieu des bois.
Par chance nous avons atteint la ville avant qu’il fasse nuit noire et nous avons pu rentrer en train sans encombres. Autant dire qu’on était épuisées, j’ai eu des courbatures aux jambes pendant une semaine… Mais surtout on s’est promis de ne plus sortir en randonnée sans nos lampes de poche et nos sifflets parce que la nuit peut vite nous surprendre et qu’on a vraiment eu de la chance cette fois ci de pouvoir redescendre par un accès sûr et facile. Je vous assure que quand on voyait le jour baisser en pleine forêt, qu’on était toujours pas au temple et qu’on était fatiguées par la montée et le chemin escarpé on ne faisait pas les malignes…
On a eu beaucoup de chance et on ne regrette pas du tout tous nos efforts, mais c’est certain que la prochaine fois on sera plus prévoyantes, parce qu’on s’est fait peur quand même… (et on avait pas pris assez de gateaux pour le goûter)